Le trait d’union digital

Pierre Levy, l’un des trois fondateurs de Califrais, connaissait bien l’univers du Marché de Rungis avant de lancer sa plate-forme permettant aux restaurateurs de s’approvisionner en produits frais en provenance directe de Rungis. En 2013, l’homme a en effet eu l’occasion d’effectuer un stage au sein de la société Mouysset ; un terrain de jeu idéal pour se frotter aux ficelles du métier. En 2014, aux côtés de Simon Bussy et Ross Lawrence, il lance alors Califrais, plate-forme d’approvisionnement offrant une large palette de produits aux restaurateurs, et intègre la pépinière d’entreprises Rungis&Co.

« J’ai découvert le Marché mais aussi le monde de la restauration et de la difficulté de gérer les approvisionnements, notamment en termes de flexibilité. Nous avons donc lancé une offre permettant aux restaurateurs d’avoir accès à tout type de produits en passant commande en ligne jusqu’à minuit pour être livré le lendemain matin», retrace Pierre Levy.

Fort d’un catalogue de 4 000 références, Califrais propose des tarifications au plus près des cours du marché, avec des prix mis à jour quotidiennement. Pour assurer les livraisons, la start-up, qui compte une quinzaine de salariés, dispose d’une flotte de camions Petit Forestier et peut compter sur huit chauffeur-préparateurs. « Cela nous permet d’impliquer davantage nos chauffeurs qui ne sont plus cantonnés qu’à la livraison. Ils sont parfois amenés à récupérer de la marchandise chez certains fournisseurs, etc. », détaille-t-il. Depuis la crise du Covid-19, Califrais a perdu, à l’instar de nombreux grossistes, ses clients restaurateurs. Alors pour maintenir une activité, la start-up s’est lancée, avec le soutien de la Semmaris et de la région Île-de-France, dans la livraison de produits rungissois aux particuliers avec la plateforme Rungis livré chez vous. Califrais ainsi qu’une cinquantaine d’initiatives sur le Marché ont permis aux Franciliens de découvrir ses produits.

Pour réussir ce tour de force, Pierre Levy a pu compter sur l’agilité digitale de son entreprise et a dû réviser son organisation : «Nous avons mis en place une équipe qui fait uniquement de la préparation, tandis qu’une autre s’occupe des livraisons. Face à la demande, nous avons aussi sous-traité une partie des livraisons. » Simon Bussy, l’homme derrière les algorithmes qui animent la plate-forme Califrais, a de son côté lancé un laboratoire de recherches en mathématiques. C’est grâce à ses précieuses lignes de codes que la start-up peut «optimiser le business, obtenir une meilleure précision des prix ou encore une meilleure gestion des stocks».

Califrais est ainsi mesure de prévoir, entre autres, les volumes de vente en fonction de la météo ou encore des historiques de vente. Ainsi, ce sont aujourd’hui les algorithmes qui dictent une marge optimale à appliquer au quotidien. « Dans ce domaine-là, nous sommes parvenus à avoir une longueur d’avance», confie Simon Bussy. À leur début, les trois fondateurs n’avaient que pour seul bureau un Renault Trafic loué pour l’occasion. « Nous avons commencé avec les moyens du bord, avec deux ou trois clients. D’ailleurs, notre premier client, c’était ma sœur», sourit-il. Califrais a bien grandi et dispose aujourd’hui de ses propres locaux. La plate-forme évolue avec une cinquantaine de grossistes répartis dans chaque pavillon.

En 2019, Califrais a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3millions d’euros contre 1,8million d’euros en 2018 et 1 million d’euros en 2017. Pour poursuivre sa croissance, la start-up entend bien confirmer son ancrage rungissois avec une installation prochaine dans un nouveau bâtiment du Marché (B1).

Mickaël Rolland